Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

DE LA MAÇONNERIE
ET
DES BIBLIOTHÈQUES SPÉCIALES.
[PAR M. CH. NODIER. ]
DEUXIÈME ARTICLE.


Je n’ai défini jusqu’ici les bibliothèques spéciales que par un exemple tiré de la bibliothèque maçonnique de M. Lerouge. Si on observe que ce genre de collections peut s’approprier à toutes les études de l’homme, et que c’est de la réunion seulement d’un nombre immense de bibliothèques spéciales qu’on obtiendroit une bibliothèque générale bien complète et bien ordonnée, on condescendra un peu à cette innocente monomanie qui a du moins un résultat profitable en espérance. Je ne conclus pas de là qu’il soit possible de former une bibliothèque générale qui approche du complet ; je ne le crois pas de la bibliothèque spéciale la plus restreinte, la plus exiguë dans son objet ; je mettrois le bibliophile et le savant le plus expert au défi de réunir sans exception tous les livres que la presse a produits sur la plus vaine science dont l’esprit humain se soit avisé (à part deux ou trois qui sont en renom), l’art de voler dans les airs, par exemple, et d’établir des colonies à la lune. Cela est impossible, mais cela est fort honorable, et les bibliothèques spéciales ont l’avantage incontestable d’offrir aux hommes spéciaux presque tous les livres qu’ils cherchent, aux livres près dont ils ont besoin. Je suis même obligé de revenir ici sur mon expression pour la rendre claire : quand j’ai dit, cela est impossible, je ne parlois pas de la facilité un peu douteuse d’établir des