Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/78

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du même sujet que cet article, et qui porte à peu près le même titre ; et une vieille habitude de raisonnement que je dois à la logique, ou à M. Pincé du Tambour nocturne, me fournit encore deux raisons très considérables pour n’en rien dire : la première, c’est que ce docte et piquant fascicule n’a été publié que pour une soixantaine de curieux qui n’en ont probablement pas laissé un seul exemplaire chez Techener ou chez Crozet ; la seconde, c’est qu’il est de l’auteur du Manuel et des Nouvelles Recherches bibliographiques, le savant du siècle qui a le plus puissamment influé sur le progrès de la science bibliographique, et qu’il y auroit une outrecuidance fort déplacée de ma part à penser que l’autorité de mon nom puisse ajouter la moindre chose à la juste autorité du nom de M. Brunet.

Tout ce que j’entreprends et tout ce que je puis, c’est de causer un moment à côté de lui, et presque sous son inspiration, sur une question neuve et singulière qu’il n’a pas manifesté l’intention d’épuiser ; question moins grave et d’un scepticisme moins hazardé que les Conjectures d’Astruc sur les matériaux de la Genèse, et même que celles des nouveaux philologues præhomérites sur les éléments poétiques de l’Iliade ; mais qui offre toutefois un intérêt fort puissant, puisqu’il s’agit de Rabelais, l’Homère bouffon de notre littérature nationale.

On voit d’ici qu’elle se subdivise en divers problèmes dont chacun demanderoit un long chapitre d’examen et que je me propose de réduire à leur plus simple expression possible : Rabelais a-t-il inventé la fable du Gargantua et du Pantagruel ? S’il ne l’a pas inventée, où l’a-t-il prise ? S’il l’a prise, qui l’a inventée ? Quel usage a-t-il