Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de leurs occupations empêche de s’y mêler ! Ce que vous en notez si gaiment réconcilie avec l’austère silence des bibliothèques et des laboratoires ceux que par moments pourraient de loin tenter le froufrou et le caquetage des salons ou des plages en vogue.

Aimable censure, ai-je dit ; c’est que le piquant n’en est jamais venimeux. Le sourire qu’elle éveille ne se sent complice d’aucune intention méchante. Vous n’égayez point aux dépens du cœur ; il n’a jamais, chez vous, à désavouer l’esprit. La satire y gagne un ornement qu’elle exclut d’ordinaire : la grâce. Le domaine de la grâce est supérieur à celui de la cruauté ; il est, à coup sûr, moins accessible au vulgaire. Je vous félicite de ne le pas déserter.

Assez d’autres, d’une moins amicale clairvoyance, ne manqueront pas de signaler dans ces petits poèmes les écueils d’un genre où la simplicité familière côtoie de si près le prosaïsme. Pour moi, je me plais de préférence à y relever l’aisance de votre vers. Il emboîte à merveille, sans trahir en rien son secret labeur, le pas alerte et capricieux de votre esprit ; jamais il ne fausse par quelque maladresse la direction des traits qu’il a charge de décocher. Cette sorte d’habileté je l’admire avec une entière