Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/260

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Non !… un autre moyen sera mieux employé…
Il a là, sous la main, un puissant allié,
L’or, l’or qui mène tout et gouverne le monde !
Il tire de sa poche une bourse fort ronde…
Il la montre… l’agite… Imprudent ! à ce bruit
Plus doux qu’un chant d’oiseau s’égrenant dans la nuit,
Le roi des malandrins, le sacripant féroce,
Polichinelle enfin, a redressé sa bosse !

Polichinelle, qui s’est redressé d’un bond, exécute la pantomime suivante.
Il voit la scène… il rit… « Allons ! dit-il au vieux,

Laisse ton or… l’amour n’est rien… le vin vaut mieux !…
À ton âge, crois m’en, bonhomme, c’est folie
De vouloir courtiser femme jeune et jolie !
Que peut faire un beau fruit, quand on n’a plus de dents ?
Renonce sans tarder à tes jeux imprudents
Et viens-nous-en tous deux, sous l’ombrage des treilles,
Convertir cet or triste en joyeuses bouteilles ! »
— « Eh parbleu, tu dis vrai ! » fait Cassandre gaîment.
Colombine se jette aux bras de son amant