Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/35

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Alors qu’on a vingt ans, et qu’en une soirée
On doit — fût-ce un instant ! — entrevoir l’adorée,
Tu nous raconterais quel trouble, quel espoir
Battent sous le revers mince d’un habit noir,
Et comme en ces moments où la jeunesse éclate
On base le succès sur un nœud de cravate !

Oui, tu nous dirais tout, ô psyché ! — Car c’est toi
Qui donnes bon courage et confiance en soi ;
Toi qui rends la beauté plus sûre d’elle-même ;
Toi que chacun implore en un regard suprême ;
Toi dont tous les conseils et les moindres avis
— Chose rare ici-bas ! — sont de tous points suivis ;
Toi que l’on aime enfin à l’égal d’une amie
Dont la sincérité n’est jamais endormie,
Et qui, sur nos défauts éclairant notre esprit,
Nous aide à triompher… sans mourir de dépit !