Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/72

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D’un geste naturel, qu’on devinait fréquent,
Il s’enfuit loin de moi, criant et suffoquant.
Je m’étonnai d’abord… Mais j’aperçus la mère,
Paysanne au profil dur, à la bouche amère,
Horrible virago qui n’avait rien d’humain,
Dont le cœur devait être aussi sec que la main…
Et je compris.

Et je compris.Sevré d’amour et de tendresse,
Vivant parmi les coups, ignorant la caresse,
Le petit gars, inculte et sauvage à demi,
En tout nouveau venu flairait un ennemi.
Oh ! celui-là, jamais il n’avait pu connaître
Ni les soins entourant le fils qui vient de naître,
Ni, près du frais berceau tout doré de soleil,
Le sourire joyeux qui guette son réveil ;
Ni les précautions d’une mère attentive
Qu’on sent autour de soi, tendre, indulgente, active,
Évitant tout chagrin à l’être bien-aimé ;
Ni la tranquillité du logis bien fermé ;