Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/73

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Ni, pendant les moments de chagrins ou de fièvres,
Cette fleur du baiser montant du cœur aux lèvres !

Quoi ! rien de tout cela, jamais ! Ah ! songez-y,
Trop fortunés enfants dont l’unique souci
— Enfants riches, enfants choyés, enfants qu’on aime, —
Est de vous amuser, et toujours, et quand même ;
De chercher un sourire en tout, et de saisir
À pleins doigts le furtif papillon du plaisir !
Oui ! dans un cadre exquis de bien-être et de joie,
Quand, vêtus de velours, enrubannés de soie,
Vous tendez « au Monsieur » vos petits fronts blasés
De la pluie incessante et tiède des baisers,
Pour ne mépriser point la caresse légère,
Dont vous frôle, en passant, une bouche étrangère,
Ô vous, qui d’être aimés parfois vous sentez las,
Songez, songez à ceux que l’on n’embrasse pas !