Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/90

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Les lourds chariots pleins de gros blocs cahotés

Suivent leur chemin ordinaire ;

Les laitiers, au galop de leurs chevaux crottés,

Passent dans un bruit de tonnerre.


D’un mouvement tranquille et lent, le balayeur

Accomplit sa tâche modeste,

Et, dans le jour douteux, l'ombre du travailleur

S’ennoblit par l’ampleur du geste.


Sous les arbres feuillus des squares, les oiseaux

Joyeusement chantent matines,

Et les Buttes-Chaumont avec le parc Monceaux

Font un assaut de cavatines.


La Seine coule, en un ruissellement d’argent,

Entre les quais sombres et vides,

Et là-haut, dans le ciel, un rayon s’allongeant

A casqué d’or les Invalides.