Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Toi qui sembles là-haut me comprendre et me voir,
Étoile, clou d’argent qui tiens le voile noir
Que ne peut soulever l’essor de ma pensée,
Ah ! dis-moi si déjà les hommes t’ont blessée ;
S’ils ont foulé ton sol de leurs pieds furieux ;
Dis-moi s’ils sont là-haut, chaste étoile des cieux ;
Si la pure auréole où ton orbite nage
Connaît l’odeur du meurtre et le cri du carnage ;
Dis-moi si, quand mes yeux s’élèvent jusqu’à toi,
C’est une terre encor qui brille devant moi…
Oh ! non, non, n’est-ce pas ? Si, comme sur la terre,
Avait passé sur toi le souffle de la guerre,
Mon regard jusqu’à toi ne serait pas monté
Et ton rayon si pur serait ensanglanté !