Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/61

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Caché derrière un mur, de peur qu’on ne le voie.
L’homme reçoit l’obus que la machine envoie ;
Son courage, amoindri, consiste à ne pas fuir,
Et, sans donner la mort, à la laisser venir.

L’ennemi bombarda jusqu’à la nuit tombante ;
Triste nuit ! où plus d’un a manqué sous la tente,
Où plus d’un y dormit qui ne dormirait plus !



Le lendemain matin, nos canons s’étant tus,
L’ennemi seul tira, lentement, à son aise ;
Nous passâmes le jour entier dans la fournaise,
Et, comme les Prussiens plaçaient bien tous leurs coups,
Ce jour-là fut dix fois plus meurtrier pour nous.
La mort sifflait partout, sans relâche, sans trêve.
Et quand le soir revint, je croyais faire un rêve
En mon cerveau lassé. Mais, tant que je vivrai,
Sans jamais l’oublier, toujours je reverrai