Page:Normand - Paravents et Tréteaux, 1882.djvu/145

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J’achevais de dîner, quand la nuit brusquement
Se blanchit d’un éclair livide : un tournoiement
De vent et de grêlons s’abattit sur la plage ;
La tempête éclatait sombre, pleine de rage,
Et soulevait les flots d’écume couronnés.
Serré contre sa mère, et les yeux étonnés,
Un des enfants cria : Gervaise devint pâle.

« Allons, lui dis-je, allons ! ce n’est qu’une rafale…
Un coup de vent… D’ailleurs, ils sont au port déjà ! »

D’un brusque mouvement, son œil interrogea
L’horloge aux poids de plomb pendue à la muraille :
« Qui sait ? »
« Qui sait ? »Et l’ouragan, dans un bruit de mitraille,
Vint s’abattre en râlant sur le toit ébranlé.
Elle pâlit plus fort : moi-même je tremblai.

Une heure se passa, terrible ; une autre encore.