Page:Normand - Paravents et Tréteaux, 1882.djvu/51

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Ma mignonne danseuse enlacée à mon bras…

« Quelle charmante enfant ! me disais-je tout bas ;
Tendre fleur à l’aurore à peine épanouie,
Elle ne connaît rien des choses de la vie…
Elle jouait encore à la poupée, hier…
Pour la première fois sans doute cet hiver
On l’a menée au bal… elle va dans le monde…
Un début ! quelle affaire !… Ô chaste tête blonde !
Je sens monter à moi, de tes cheveux flottants,
Comme un parfum béni de joie et de printemps ! »

Je m’exaltais, ainsi, lorsque, lasse peut-être,
Dans un coin du salon, devant une fenêtre,
Ma danseuse, cessant de tourner, s’arrêta.
Il fallait donc causer. Moi, comme un grand bêta
En tortillant mes gants je cherchais une phrase,
Quand l’enfant, m’arrachant à ma muette extase :

« Que pensez-vous, monsieur, du discours d’aujourd’hui ?