Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/126

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Godichonnette, sans entrain,
Remet ses robes dans ses malles ;
Le soir même, elle prend le train
Qui fuit les côtes provençales ;

Et, pensant toujours au moyen
D’éviter une banqueroute,
Godichonnette ne voit rien
Tout le long, le long de la route.

Pourtant, ce bon mois au soleil,
En dépit des soucis moroses,
A fait son visage vermeil
Et sur son teint semé les roses.

Aussi, quand, depuis son malheur,
Ignorant sa brusque ruine,
Tel ami vient, la lèvre en fleur,
Lui dire : « Oh ! la superbe mine ! »

Quand tel autre, très emballé,
S’exclame : « Oh ! le Midi ! Quel rêve !
Ciel bleu !… Pins verts !… Flot ondulé
Mourant doucement sur la grève !… »

Oui ! quand tous s’en viennent glapir
Autour d’elle leurs fausses notes,
La pauvrette pousse un soupir
Et murmure entre ses quenottes :