Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/170

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Qui me ferme les yeux… en écoutant sa voix
Je m’endors sur son cœur pour la première fois…
Le matin seulement, rieuse, je m’éveille…
Un éblouissement alors, une merveille…
Un soleil triomphant, d’un éclat continu…
Le beau, le clair Midi qui m’était inconnu
Jusqu’alors, que j’admire aussitôt et que j’aime ;
Marseille, puis Toulon, puis Cannes, point extrême
Où notre vol s’arrête, où, sous les verts palmiers,
Accrochant notre nid ainsi que deux ramiers,
Oubliés, oublieux de la terre et des hommes,
Insouciants et gais, vrais enfants que nous sommes,
Nous vivons l’un pour l’autre et l’un par l’autre aussi…
Non, ce n’est point un rêve, et je suis bien ici,
Moi Georgette, bien moi, devant cette fenêtre,
Aspirant un air pur qui baigne tout mon être,
Et le cœur plein de vous, mon cher maître et seigneur…

Et je me sens heureuse à pleurer de bonheur !


Cannes, 12 décembre.


Être amoureuse, moi, la folle que j’étais !
Moi qui courais, dansais, flirtais et coquetais
Avec l’un, avec l’autre, au hasard, occupée
De mes jeunes « suiveurs » moins que de ma poupée
Jadis, lorsque j’étais gamine, aux temps lointains
Des souliers sans talons et des jeux enfantins !