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lois de l’univers ; qui paraît au vulgaire une sorte de divination.

Comment ne pas déplorer à jamais que ce grand homme, dont la santé toujours bonne, dont l’organisation si saine et si bien conservée pouvait faire espérer la plus longue vie, ait été arrêté inopinément dans sa course !

Encore à la force de l’âge, parvenu à l’apogée de ce pouvoir de perceptions et de vues élevées que lui donnaient quarante années d’observations, d’expériences et de comparaisons non interrompues sur la création et ses lois, combien de vérités importantes n’aurait-il pas découvertes, si le monde eût pu l’entendre dix ans encore !

Mais il semble qu’au gré de la Providence, le développement progressif de l’humanité serait trop rapide, si les hommes de génie prolongeaient assez leur existence pour dévoiler aux hommes dans un âge, ce ne doit être connu que dans un des âges suivans.

Tel a été, Messieurs, l’homme extraordinaire, dont l’existence marque l’époque la plus brillante de la science que je dois vous enseigner.

Nous vous l’avons montré dans sa première jeunesse, occupant ses momens de loisir par la lecture de Buffon ; commençant à développer à Montbéliard des facultés intellectuelles extraordinaires ; trouvant à Stuttgart, dans l’établissement d’instruction le plus vaste, tous les moyens d’acquérir les élémens des connaissances en tout genre que le feu de son génie devait embrasser un jour ; s’y livrant plus particulièrement aux études spéciales du Droit et de l’administration ; y prenant, comme accessoires, les premières notions scientifiques de l’histoire naturelle.