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« Depuis la mort de Linné, l’histoire naturelle n’a plus de législateur. Chacun suit son caprice, et si cette anarchie dure encore long-temps, la science deviendra bientôt un labyrinthe, dont on ne pourra sortir. D’ailleurs Linné lui-même a commis beaucoup de fautes en synonymie. Vous en trouverez des preuves frappantes dans mon travail sur les écrevisses, que j’espère adresser bientôt à notre Société, et dans lequel j’en ai décrit et dessiné trente-deux espèces.[1]

« J’ai eu l’occasion d’éclaircir assez bien leur synonymie au moyen des livres que m’a fourni la bibliothèque de cette ville. Vous ne vous imagineriez pas quelles fautes plaisantes Linné a commises à cet égard. Tantôt il cite la figure d’une même espèce dans trois ou quatre des siennes ; plus souvent encore il cite trois ou quatre figures différentes au sujet d’une de ses espèces.

Fabricius a encore augmenté cette confusion et n’a pas bien connu lui-même les noms de Linné. Son cancer floridus, par exemple, est le cancer maculatus de Linné ; son cancer pagurus est tout différent de celui de Linné, etc. Je crois avoir assez bien reconnu toutes ces erreurs. Mes synonymes sont tirés de Rondelet (Hist. pisc.) ; Gesner, de Aquat. et ejusd. Nomencl. eq. ; Jonston, Naturgesch. Margraff, Hist. natur. Brasil. ; Swammerdam, Bibl. nat. (Mémoires de l’Académie des sciences de Paris) ; G. Blasii Anatome animalium. Je n’ai pu encore me procurer les autres auteurs.

2.°… Je me suis aussi occupé en automne de la classification générale des insectes. Je crois réellement que les organes de la bouche fournissent les caractères les plus précis. Voici les classes dans lesquelles je les divise, elles se rapportent, en grande partie, à celles de Fabricius ; mais elles sont certainement plus naturelles.

Classe I. (Coleaptera L.)

Maxillæ superieres ; max. inferiores liberæ gerunt palpum 1 aut


  1. C’est certainement à ce travail qu’appartiennent les figures faites à la plume que M. Cuvier avait données à feu Lamark, et que M. le professeur Audouin a eu l’occasion d’acheter à la vente des livres de ce dernier en Avril 1830. L’intitulé des planches répond à l’époque où l’auteur écrivit cette lettre. « Icones cancrorum. Cadomi, » 1790. Voyez la notice citée plus haut, page 11.