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législateur de l’histoire naturelle ; comment son premier cours d’anatomie comparée, dans lequel il avait adopté la méthode à la fois physiologique et philosophique d’Aristote, si bien expliquée dans le premier discours de Buffon[1], excita en faveur du jeune professeur l’intérêt et l’attention qu’éveillent toujours les créations du génie ; car cette méthode, appliquée aux faits découverts depuis Aristote et à ceux si nombreux que notre jeune naturaliste découvrait journellement, fut de nouveau une création.

Si le but principal de cette notice n’était pas surtout d’apprécier l’influence que les circonstances ont eue sur la direction scientifique et sur l’essor du génie de M. Cuvier, j’aurais cherché à consigner ici le plus possible de détails sur son séjour en Normandie, qui a été pour lui une sorte de retraite, une vie de méditations et d’observations.

Je sais, par exemple, qu’il se mit à étudier l’histoire contemporaine, afin de mieux comprendre les événemens de la révolution qui occupaient tous les esprits. Je sais encore qu’il entreprit la lecture de tous les voyages connus, comme pouvant éclairer ses études de prédilection, celles de la nature en général et de l’homme en particulier.


Commencement du séjour de M. Cuvier à Paris.

D’après sa première lettre à M. Hermann, datée du 23 Juillet 1795, que nous avons déjà citée, il paraît que c’est au mois d’Avril 1795 que M. Cuvier est arrivé à Paris pour s’y fixer. Cette lettre étant historique à plusieurs égards, je la transcrirai toute entière.

Paris, le 6 Thermidor an 3.
Citoyen,

« J’ai appris avec bien du plaisir que le professeur Geoffroy, lié avec vous par lettres depuis du temps, avait par là l’occasion de vous présenter l’esquisse d’un ouvrage nouveau sur les quadrupèdes, que nous avons entrepris en commun, moins par le sentiment de notre force, qu’à cause des matériaux immenses, accumulés dans la collection nationale depuis l’époque du quinzième volume de Buffon (car il faut compter pour rien ses


  1. Voir le discours cité. Hist. génér. et partie., par M. le comte de Buffon, tome I.er