Page:Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 67 )

un dernier hommage à des hommes qui, comme lui, n’avaient vécu que pour l’honneur ou l’utilité de la patrie ; c’était Collin de Sussy, l’administrateur du commerce sous le ministère de Chaptal ; Lacépède, le continuateur de Buffon et le chancelier si désintéressé de la Légion-d’Honneur ; c’était enfin Berthollet, l’illustre émule de Lavoisier, le compagnon de Monge en Égypte et le rival chéri de Chaptal dans tous les travaux entrepris pour appliquer la science au progrès des arts, à la défense de la patrie.

Après avoir acquis tous les genres de gloire que puissent ambitionner le savant et le citoyen ; après avoir compté, sur soixante-seize ans d’existence, soixante ans employés pour servir et pour honorer son pays, Chaptal, depuis quelque temps frappé dans sa fortune, qu’il avait toute abandonnée pour aider aux engagemens d’honneur du premier-né de sa famille, ce qui ne lui coûta pas une plainte et pas un regret pour lui-même ; après avoir éprouvé ces coups du sort, appesanti sur le bien-être de sa postérité, seule douleur qui pût l’atteindre, Chaptal mourut dans la paix et dans la force du juste, laissant pour auréole à sa mémoire des services dont la France gardera l’immortel souvenir.