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VALENTINES

avait soudain notifié que ses appointements de deux mille quatre venaient d’être portés à six mille, je crois qu’il aurait trouvé cela très simple, et loué — sobrement — le ministère de l’Instruction publique dont, au reste, il ne se plaignit jamais.

Les relations continuaient avec Verlaine. Ce dernier, l’ayant reçu à Arras, devait nécessairement l’inviter dans sa ferme ardennaise.

En 1880, Germain Nouveau passe une bonne partie de son congé annuel à Juniville où il souffrit terriblement d’une carie dentaire qui lui suggéra cet axiome — renouvelé, sans qu’il s’en doutât, de certaine philosophie allemande — : « On cherche le bonheur… je le connais, c’est de n’avoir plus mal aux dents ». Mais la cruelle odontalgie ne l’avait point paralysé pendant ces trois semaines, car il put y faire un tableau bien caractéristique de son genre si spécial d’originalité : un portrait que Verlaine a glorifié en termes attendris, celui de Lucien Létinois.

Il faut dire que Nouveau était à cette époque singulièrement intransigeant sur les droits de l’artiste : le modèle appartenait au peintre, celui-ci en faisait tout bonnement ce qui lui convenait, ne cherchant que la joie des yeux et non cette vulgarité que les bourgeois appellent ressemblance. De sorte que, raffolant alors de Tiziano Vecelli, aussi de quelques Espagnols, admirateur de Fragonard, épris en même temps d’art impressionniste, il avait imposé à Lu-