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SAINTES FEMMES


Quelle étoile nous vit donc naître, nous qui sommes
Les voleuses de vos cœurs charmants, Enfants-rois ?
C’est nous qui vous faisons la cour, ô jeunes hommes,
Et vos légèretés nous sont d'atroces croix.

En nous rien des yeux verts de l’amante fatale
Par sa jupe épandue en mare de sang noir.
Rien des beautés faisant que le désir détale
Devant leurs cœurs repus de vaches au dormoir.

Mais nous nous déclarons d'avance les sujettes
De votre règne aimable ou non, sans nul souci
Que celui d'approcher vos mains ; sommes-nous bêtes
De vous bercer, de vous enorgueillir ainsi !

Pour atteindre aux baisers graves de votre bouche,
Il nous plait de braver, dans votre embrassement,
Jusques à toi, Baiser déchirant, et toi couche
Où le sang violé s'éperle obscurément.