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tances aériformes, qui disposoit souvent la poudre à la fusion vitreuse ; pour éviter cet inconvénient, il a fait sécher au rouge la poudre de quelques porphyres, et par ce procédé la liquéfaction ignée n’a été que plus assurée, mais il faut remarquer que l’on ne peut l’employer que sur des matières qui n’ont pas pour élémens des substances gazeuses, et que la compression pareroit à tous les inconvéniens de ce genre.

8°. L’addition d’une substance étrangère n’est point nécessaire. M. de Drée a fait plusieurs essais en ajoutant du muriate de soude et du soufre, il n’a pas remarqué que cela dût changer aucune des conditions requises.

9°. Le rapprochement des molécules similaires peut avoir lieu dans certaine matière liquéfiée, et produire des rudimens de cristallisation, lorsque le prolongement de cette fluidité lui laisse le tems de s’opérer.

10°. La liquéfaction ignée et la fusion vitreuse sont deux opérations bien distinctes. — Dans la liquéfaction ignée le calorique détruit momentanément la cohésion fixe des substances sans changer leur nature. — Dans la fusion vitreuse, au contraire, toutes les substances composantes sont dissoutes pour former le verre, matière homogène qui n’a plus de rapport avec la matière première.

La cristallisation, suite de la liquéfaction ignée citée ci-dessus article 9, et la dévitrification, suite de la fusion vitreuse annoncée par MM. Hall, Dartigues et Fleuriau, sont aussi deux opérations différentes, quoique l’une et l’autre le résultat de la prolongation de la fluidité ignée. — En effet, la cristallisation est un simple rapprochement des molécules similaires qui n’ont cessé d’exister dans la matière liquéfiée. — Au lieu que la dévitrification est une nouvelle formation de substances qui s’opère dans le fluide vitreux où toutes les parties sont dissoutes, et ces substances ne sont jamais entièrement semblables à celles qui composoient la matière avant la fusion.

11°. De ce qui précède, dit M. de Drée, on ne peut s’empêcher de conclure par analogie que les laves lithoïdes sont le produit de la liquéfaction ignée. La chaleur obscure, résultat des actions chimiques, qui se communique sans combustion aux matières dans les profondes cavités de la terre, et la compression qu’éprouvent leurs énormes masses, sont les mêmes conditions qu’exige la liquéfaction artificielle qu’il a obtenue.

Il n’écarte point par là cette grande pensée que Dolomieu a mise au jour sur la fluidité pâteuse de l’intérieur du globe ; cette hypothèse si favorable à l’explication de beaucoup de phénomènes géologiques ne pourroit que confirmer et rendre plus facile cette liquéfaction ignée des laves lithoïdes.