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Si les principes d’une science ne nous sont points connus il est rare qu’on y fasse des progrès rapides ; mais cette connoissance ne peut être que le fruit d’une étude sérieuse et exacte. Cependant, malgrés toutes nos recherches opiniatres souvent nos découvertes ne sont elles que le produit du hazard.

La phisique à longtemps erré sous les perepateticiens. Ces philosophes se croyoient a l’abri de toutes critiques ayant pour chef un des plus vastes, et un des plus beaux génies que la nature ait produit. Ce savant que les Anciens ont nommé le prince des philosophes et que nos modernes tournent en ridicule ; néanmoins quoi qu’ils en disent, nous avons de cet auteur celebre plusieurs morceaux qui sont autant de chef d’œuvre et que peut être les modernes n’auroient pu enfanter ; original dans toutes ses productions, il auroit crû s’avilir et assujetir trop sa penetration que d’imiter les derniers en s’appropriant les decouvertes de ses predecesseurs.

Néamoins quelque fut sa sagacité elle ne pouvoit être universelle.

C’est au celébre Descartes que la phisique doit ses premiers commencemens, peut être que sans son secours que le perepatetisme subsisteroit encore. Il falloit aux sciences, dit le pere Guenard, un homme du caractère de cet illustre sçavant, qui osat conjurer tout seul avec son genie, contre les anciens tirans de la raison ; qui osat fouler aux pieds les idoles que tant de siècles avoient adorés. Descartes se trouvoit renfermé dans le labirinthe avec tous les autres philosophes, mais il se fit lui même des aîles et s’envola, frayant ainsi de nouvelles routes à la raison captive ; tel fut ce génie sublime, son entousiasme lui fit prendre un vol hardy, il à voulu, comme dit Monsieur de Fontenelle se placer à la source detout, se rendre maître des principes par quelques idées claires et fondamentales, pour n’avoir plus qu’à descendre aux phenomênes de la nature. Comme à des conséquences nécéssaires, son sistème admiré universellement et par la suite adopté, lui suscitat un scavant à qui la République des Lettres rendra toujours hommage. C’est le célèbre Newton.

Ces deux grands hommes qui se trouvent dans une si grande opposition, ont eû de grands rapports. Tous deux ont été des génies du premier ordre, nés pour dominer sur les autres esprits et pour fonder des empires, tous deux geomètres excellents.