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FRAGMENTS

ront de le faire naître en eux. La philosophie est une auto-logie d’essence supérieure, une auto-manifestation, l’excitation du moi réel par le moi idéal. La philosophie est le fond de toutes les autres manifestations et la résolution de philosopher est l’invitation faite au moi réel qu’il ait à prendre conscience, à s’éveiller et à devenir esprit. Sans philosophie, pas de moralité véritable et sans moralité pas de philosophie.

Toute attention portée sur un objet, ou (ce qui revient au même) toute direction déterminée, fait naître une relation réelle, car par cette distinction nous éprouvons en même temps la force attractive de cet objet qui commence à prépondérer, ou la force centripète individuelle, qui, tandis que nous nous livrons à elle, et pourvu que nous ne la regardions pas, mais qu’au contraire nous la gardions soigneusement, nous conduit heureusement au but de nos désirs.

Ainsi, la vraie philosophie en commun est une expédition fraternelle vers un monde aimé, expédition dans laquelle on se relève alternativement aux avant-postes, là où les plus grands efforts sont requis contre l’élément hostile dans lequel on flotte. On suit le soleil, et l’on s’arrache au lieu qui, suivant les lois de la rotation de notre univers, est plongé pour un temps dans la brume et la nuit. (Mourir est un véritable acte philosophique).

En tout système, individu d’idées, qui est un