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FRAGMENTS

Le son paraît n’être autre chose qu’un mouvement brisé, dans le même sens que la couleur est de la lumière brisée.

Une disposition, des sensations vagues, des sentiments et des perceptions indéterminés rendent heureux. On se trouvera bien, lorsqu’on ne remarquera en soi aucun penchant spécial, aucune suite de pensée ou de sentiments déterminés. Cet état est, comme la lumière, plus ou moins clair ou obscur. Des idées et des sensations spécifiques forment ses consonnes. On l’appelle conscience. On peut dire de la conscience absolue qu’elle a conscience de tout et de rien ; c’est un chant, une simple modulation des dispositions, pareille à celles des voyelles ou des sons. La voix intérieure peut être obscure, lourde et barbare. Ce peut être aussi du grec ou de l’italien, elle est d’autant plus parfaite qu’elle se rapproche davantage du chant. L’expression : « il ne se comprend pas lui-même », apparaît ici sous un jour nouveau. Le langage de la conscience peut être cultivé et son expression rendue parfaite, en sorte qu’il naît une aptitude à se parler à soi-même. Ainsi notre pensée est un dialogue, notre perception, une sympathie.

Qu’est-ce que l’homme ? Un trope parfait de l’esprit,