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FRAGMENTS

cipe premier et unique. Les mathématiques cherchent la quadrature du cercle et une équation principale. L’homme cherche Dieu, la médecine l’élixir de vie, une essence unifiante et la possession et la conscience complètes du corps. La politique cherche la paix éternelle et un état parfait et libre. Chacune de ces attentes, toujours trompées et toujours renouvelées, indique un chapitre de la science de l’avenir… Nous cherchons partout l’absolu et ne trouvons jamais que le relatif.

C’est une erreur de croire que l’on s’ennuierait si l’on savait tout. Toute difficulté vaincue aide au jeu des fonctions vitales et laisse en réserve une force qui peut servir à autre chose. Il en est du savoir comme de la vue ; plus on voit, plus la vue est bonne et agréable…

Ce n’est pas le savoir seul qui nous rend heureux ; c’est la qualité du savoir, la constitution subjective du savoir. Le savoir complet est conviction, et c’est la conviction qui nous rend heureux et nous satisfait. Elle change la science morte en une science vivante.

Toute science historique tend à devenir mathématique. La force mathématique est la force ordonnatrice. Chaque science mathématique tend à redevenir philosophique, à être animée ou ra-