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FRAGMENTS

la religion ne dépend pas de la nature de l’intermédiaire, mais qu’elle réside simplement dans la manière d’envisager cet intermédiaire et dans les rapports que l’on a avec lui.

Il y a idolâtrie, dans le sens large, lorsque je prends cet intermédiaire pour Dieu même. Il y a irréligion lorsque je n’admets aucun intermédiaire ; et, en ce sens, la superstition et l’idolâtrie, l’incrédulité ou le déisme, qu’on peut appeler aussi vieux-judaïsme, sont irréligieux. D’un autre côté l’athéisme n’est que la négation de toute religion en général, et de cette façon, n’a rien à faire avec la religion. La vraie religion est celle qui accepte cet intermédiaire comme intermédiaire, et le tient, en quelque sorte, pour l’organe de la divinité, pour son apparence sensible. À ce point de vue, les Juifs, du temps de la captivité de Babylone, acquirent une tendance véritablement religieuse, une espérance religieuse, une foi en une religion future qui les transforma miraculeusement, de fond en comble, et qui les maintint jusqu’à nos jours, en une persévérance remarquable.

Vue de plus près, la vraie religion paraît à son tour antinomiquement divisée en panthéisme et monothéisme. Je me sers ici d’une licence, car je ne prends pas le mot panthéisme dans son sens habituel, mais j’entends par là que tout peut être organe de la divinité et son intermédiaire, si