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INTRODUCTION

psychologie transcendantale, où l’âme elle-même s’efforce d’étudier ses habitudes et ses passions, comme notre esprit, dans la psychologie ordinaire, s’efforce d’étudier les passions et les habitudes de notre être détaché du mystère. L’âme immobile se replie sur elle-même et s’inquiète moins de l’inconnu qui l’entoure que de l’inconnu qu’elle renferme ; ou, plutôt, elle n’aperçoit accidentellement le mystère extérieur qu’au travers et à propos du mystère intérieur. En général, elle n’est mystique qu’à propos d’elle-même, au lieu qu’en Novalis elle peut être mystique à propos d’un phénomène chimique, d’une loi pathologique ou d’une opération d’arithmétique. Elle se déplace à chaque instant, et se retrouve partout hors d’elle-même. Au lieu d’attirer en soi les extériorités et les apparences, elle s’y mêle, les sature de son essence et en change la substance. Elle transcendantalise moins son propre moi que l’univers. Elle entre dans un art, dans une science, dans une morale ; et cet art, cette science, cette morale ne sont plus ce qu’ils étaient et n’appartiennent plus directement à la vie actuelle. On ne saurait, d’ailleurs, définir mieux qu’il ne l’a fait la nature insaisissable et l’origine particulière de ses émotions spirituelles : « Il y a en nous, dit-il, certaines pensées qui paraissent avoir un