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INTRODUCTION

la direction d’une vie ; mais est-ce bien la femme en tant que femme qui a eu l’influence, et n’est-ce pas plutôt une âme qui est intervenue ? Il arrive d’ailleurs qu’une vie se transforme sans que l’âme ait bougé. Il se peut cependant que l’âme de la femme ait une action plus prompte que celle de l’homme, ou qu’on la remarque davantage. Quoi qu’il en soit, cette extraordinaire fillette de treize ans, était, comme vous verrez, semblable à toutes les fillettes de son âge. Elle parlait, elle riait, elle lissait ses cheveux, elle mangeait des fruits verts, et elle jouait encore avec des restes de poupées. On a trouvé dans les derniers carnets de Novalis une page de notes ingénues où il admire ses petits gestes et ses petites pensées de pensionnaire, sans se douter que toutes ont fait ces gestes et ont eu ces pensées, depuis l’origine de ce monde. Il marque pieusement qu’elle « aime le potage aux herbes, le bœuf et les haricots, ainsi que la bière et le vin. Elle a peur des souris et des araignées. Elle craint les spectres. Elle redoute le mariage. Elle aime passionnément tout ce qui est convenable, on la bat quelquefois. Elle est irritable et sensible. L’amour de Novalis l’ennuie souvent. Elle est froide. Elle est bonne ménagère. Un jour, elle a voulu, toute seule, arrêter un voleur. Elle aime entendre des histoires. Elle