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INTRODUCTION

soirées sous la lampe. « Le monde me devient de plus en plus étranger et les choses de plus en plus indifférentes », remarque-t-il ; et le lendemain, il se réjouit comme un enfant d’un beau jour de soleil, car la vie, malgré tout, est plus puissante qu’un souvenir. Entre les faits insignifiants, il s’examine et délibère : « J’ai remarqué que c’est ma destinée ici-bas, jamais je n’atteindrai à rien. Il faut que je me sépare de tout dans sa fleur, et ce n’est qu’à la fin que j’apprendrai à connaître le meilleur dans ce que je connais bien. Moi-même aussi… Ce n’est que maintenant que j’apprends à me connaître et à jouir de moi-même. Et c’est pourquoi il faut que je m’en aille. »

Il parle souvent d’une résolution bien arrêtée. Il se demande quel vide ferait sa mort dans sa famille, et reconnaît qu’aucun être n’est indispensable. Lorsqu’il est avec ses amis, on parle plus d’une fois du suicide. L’idée de mettre fin à ses jours a-t-elle flotté dans son esprit ? Il ne l’a pas dit. Les notes à peu près quotidiennes continuent jusqu’au cent dixième jour après la mort de Sophie ; puis, tout à coup, au tournant d’une page, brille le nom d’une autre femme.

Novalis, en 1798, était allé à Freyberg pour y étudier la minéralogie sous l’illustre Julie von Charpentier, et de nouvelles fiançailles sont célébrées peu de temps après.