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INTRODUCTION

Ici, tous les biographes s’effarouchent. Le bon Tieck balbutie des excuses, et le vieux Just passe rapidement sans oser regarder. Carlyle lui-même, encore qu’accoutumé aux mouvements imprévus des héros véritables, s’embarrasse un moment et sépare la constance active de la constance passive, qui est, dit-il, une vertu très inférieure, un accident plutôt qu’une vertu, et, en tout cas, extrêmement rare en ce monde. « Sa Sophie, ajoute-t-il, pouvait être pour lui une sainte présence, mélancolique et invisiblement douce ; une présence à adorer dans le plus secret tabernacle de la mémoire ; mais une adoration de ce genre n’est pas la seule affaire de l’homme, et il ne faut pas que nous blâmions Novalis d’avoir séché ses larmes et d’avoir une fois de plus jeté un regard d’espérance sur cette terre qui est toujours ce qu’elle était : le plus étrange mélange de lumière et de mystère, de joie et de douleur. La vie appartient aux vivants et celui qui vit doit être prêt à subir les vicissitudes. » Je ne crois pas qu’il faille tant d’explications, et j’aimerais moins Novalis s’il n’avait pas aimé deux fois. Il faut vivre naïvement, et les morts ont sur nous d’autres droits.

Maintenant, les jours heureux semblaient revenus, plus beaux et plus sûrs qu’autrefois. Il avait obtenu un emploi important en