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INTRODUCTION

d’avoir pu dire ce qu’il voyait encore ; car il y a un abîme entre ce qu’on peut dire et ce que l’on découvre. On a trouvé, plus tard, dans ses papiers divers, les notes que voici, et qui semblent se rapporter à quelque projet d’achèvement de son roman interrompu par la crainte ou la mort. Quoi qu’il en soit, je les transcris ici :

« Transformation du temple de Saïs. Apparition d’Isis. Mort du Maître. Rêve dans le temple. Atelier d’Archaeus. Arrivée des dieux Grecs. Initiation aux mystères. Statue de Memnon. Voyage aux pyramides. L’enfant et son précurseur. Le Messie de la nature. Nouveau testament et nouvelle nature. Jérusalem nouvelle. Cosmogonie des anciens. Divinités indoues. »

Mais laissons maintenant les fragments de cette œuvre mystérieuse que la nuit semble ronger de deux côtés, pour arriver à d’autres fragments plus mutilés encore, car toute l’œuvre de ce poète malheureux est un monument idéal dont la fatalité a fait des ruines merveilleuses avant qu’il fût construit. On a dit de Novalis, à propos de ces Fragments, qu’il était un Pascal allemand, et le mot, à certains égards, peut paraître assez juste. Certes, il n’a pas la force claire et profonde, la puissance ramassée et les bonds prodigieux du grand fauve des Pensées ; c’est un Pascal