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INTRODUCTION

un peu somnambule et qui n’entre que très rarement dans la région des certitudes où se complaît son frère. Mais il y a bien des choses qui sont aussi belles que les certitudes. Pascal n’avait pas connu Bœhme, Lavater, Eckartshausen, Zinzendorf, Yung Stilling ; et le grand Bœhme, notamment, ne lâche plus jamais les proies heureuses qu’il a saisies. Novalis règne au pays des hypothèses et des incertitudes, et la puissance de l’homme devient bien hésitante en ces contrées. Il n’a pas de but comme Pascal ; il tourne en cercle, les yeux bandés dans le désert ; mais il faut reconnaître que son cercle est immense. Il voulait faire une sorte d’œuvre encyclopédique « où les expériences et les idées nées des sciences les plus diverses se seraient mutuellement éclairées, soutenues et vérifiées », nous dit-il. Il n’eût, probablement, jamais pu achever cette œuvre, mais les ruines éparses en sont belles et étranges.

Une grande partie de ces Fragments avaient été réunis par Schlegel et par Tieck dans le volume qui contient les autres œuvres du poète. En 1846, Ludwig Tieck, aidé d’Edouard von Bülow publia une nouvelle série de Fragments qui n’épuisa pas encore l’énorme amas de notes qu’avait laissé l’auteur des Disciples à Saïs, j’ai fait, à mon tour, un choix dans ce choix. Novalis rencontre dans