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CHAPITRE XIV
LES ROMANS ANTHROPOLOGIQUES


I

Les darwiniens tracent le tableau le plus lugubre de l’état primitif de notre espèce. À les entendre, le meurtre était en permanence chez nos ancêtres et il se commettait sous le plus futile des prétextes. Le cannibalisme se pratiquait sur une large échelle. L’homme était à l’origine un animal sanguinaire et lubrique, auprès duquel les singes anthropomorphes actuels seraient la vertu personnifiée. En voici un portrait, peu flatté, mais que l’on dit ressemblant. « Sans prévision ni prévoyance, l’homme primitif est loin de la nature économique, du principe hédonique ou du moindre effort qu’on lui attribuait autrefois. Il ne connaît ni travail, ni approvisionnement, ni échange, ni société, ni morale. À cela il joint une férocité, une agressivité, une violence qui le portait à se livrer à des cruautés inutiles et à vider par les armes ses moindres différends. Ces traits devaient nécessairement entraîner les guerres et quelles guerres[1] ! »

Dans ces dernières années, on a beaucoup écrit sur les conditions primitives de notre espèce. On en a tracé un tableau qu’il importe de soumettre à une critique des plus sévères. En effet, la conclusion qui se dégage du tableau darwinien, c’est qu’étant donnée la nature physiologique de l’homme la guerre seule a pu le faire

  1. Voir J. Lagorgette. Le Rôle de la guerre, p. 53.