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CHAPITRE XV
LA PRÉTENDUE ANTIQUITÉ DE LA GUERRE ET LA THÉORIE DES CAUSES ACTUELLES


I

« L’homme a toujours commencé par le vol, dit M. Y. Guyot[1], capture des animaux, puis chasse ou pêche, cueillette des fruits ; il n’a pratiqué l’échange que longtemps après, quand il a domestiqué les animaux et ensemencé le sol. De même dans ses rapports avec ses semblables, son premier moyen d’acquérir a été le vol. Il n’est arrivé que longtemps après à la notion de changer un objet pour son équivalent… Les premiers groupes humains ont reçu un commencement d’organisation en vue de la guerre. L’outillage de la destruction a précédé celui de la production. »

M. G. de Molinari a exactement les mêmes idées. « La guerre, dit-il[2], était une nécessité vitale pour toutes les sociétés propriétaires d’états et elle devait le demeurer jusqu’à ce que les progrès de l’industrie eussent ouvert un autre débouché que la conquête et l’exploitation d’un domaine peuplé d’esclaves et de sujets… L’outillage de la destruction a précédé celui de la production. L’espèce humaine a commencé à demander sa subsistance au vol et au meurtre. »

En un mot, de célèbres économistes et l’immense majorité du public, sur la foi de la doctrine darwinienne, se représentent l’humanité primitive sous la forme de

  1. Journal des économistes, du 15 avril 1908, p. 80.
  2. Ibid., du 15 avril 1907, pp. 23 et 26.