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CHAPITRE V
LA LUTTE CONFONDUE AVEC l’EXTERMINATION ENTRE SEMBLABLES


I

« C’est parce que la lutte pour l’existence s’est propagée dans toute l’étendue du monde animal, dit H. Spencer[1], qu’elle a été un moyen indispensable d’évolution. Nous voyons que, dans la concurrence d’individus de même espèce, la survie des plus aptes a, depuis le commencement, favorisé la production d’un type supérieur ; nous voyons encore que la guerre incessante entre les espèces est la cause principale et de la croissance et de l’organisation. Sans le conflit universel, il n’y aurait pas eu de développement des facultés actives… Du côté des animaux de proie, la mort par inanition, et, du côté de ceux qui servent de proie, la mort par destruction ont fait disparaître les individus et les espèces les moins favorablement armés. Tout progrès dans la force, la vitesse, l’agilité ou la sagacité chez les animaux d’une classe a eu pour conséquence nécessaire un progrès correspondant chez les animaux de l’autre classe ; sans les efforts répétés sans fin pour échapper à l’ennemi, sous peine de la vie, ni les uns ni les autres n’auraient pu réaliser leur progrès… Il en est de même pour les organismes sociaux. »

Une première objection se présente immédiatement à l’esprit, que j’ai déjà signalée au chapitre III. Comment

  1. Principes de Sociologie, t. III, p. 326.