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torieuse contre l’instinct héréditaire. L’homme qui a commis cet acte s’est grossièrement trompé, dans ce cas spécial. Dans son intérêt réel et dans celui de ses descendants, il aurait mille fois mieux fait de suivre son instinct qui l’aurait sûrement conduit au bonheur. Mais, de toute façon, c’est seulement par suite de son intelligence supérieure que l’homme a pu attaquer son semblable.

On voit par cette analyse qu’il y a une différence énorme, une opposition même, entre la marche des phénomènes zoologiques et la marche des phénomènes sociaux. Admettons, pour un instant, que la lutte entre les individus, au sein de l’animalité, ait amené la survivance des plus aptes et le perfectionnement des espèces. Dans ce cas, la guerre est la cause, et le perfectionnement l’effet. Mais, dans le genre humain, la marche a été diamétralement opposée. C’est le perfectionnement intellectuel qui a rendu la guerre possible entre les hommes. Ici, le perfectionnement a été la cause, et la guerre l’effet. Encore une fois, on voit combien il est anti-scientifique de comparer, comme le fait Spencer, des phénomènes complètement différents.


On peut conclure de ce qui précède que la lutte pour l’existence et les combats des semblables contre les semblables ne sont nullement des termes identiques. On peut même dire que, dans une certaine mesure, ce sont des termes opposés et contraires, justement parce que les rapports entre l’individu et ses semblables sont en nombre infiniment petit, en comparaison des rapports entre l’individu et le milieu physique. Par suite, c’est contre le milieu physique que se livre le véritable combat qui a les conséquences les plus importantes sur les destinées de chacun.

Sous ce rapport, il en est exactement des animaux comme de l’homme. « Les terribles tourmentes de neige qui s’abattent sur l’Eurasie à la fin de l’hiver, dit M. P. Kro-