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sance redoublée, une extension énorme. Vie et association sont des termes synonymes. Quand nous nous serons débarrassés du travers qui nous pousse à considérer comme inexistant ce que ne voit pas un organe aussi grossier que notre œil, nous le comprendrons immédiatement. À parler exactement, il n’y a pas des protozoaires et des métazoaires. Tous les êtres vivants sont des métazoaires, parce qu’ils sont des associations. La cellule la plus simple est une association d’une complexité prodigieuse. Dès que le microscope nous permet de l’agrandir dans une mesure suffisante, nous nous apercevons qu’elle est un monde. Et chaque élément de la cellule, le noyau, les chromosomes, sont également des associations d’éléments plus petits qui échappent encore à notre regard. Quant aux métazoaires, ce sont des associations d’une masse énorme d’unités composantes. Le corps de l’homme est une union de 460 trillions de cellules.

Les associations biologiques, comme on le pense bien, présentent la variété la plus extrême. D’abord, « l’individualisation des groupes cellulaires ne se fait pas brusquement, dit M. Le Dantec[1]... Il y a entre les diverses cellules des groupements de protozoaires dans des espèces voisines, des liaisons d’importance variable, allant depuis l’indépendance complète jusqu’à l’interdépendance absolue ». Les lichens, par exemple, sont l’association d’une algue et d’un champignon, incapables désormais de vivre l’une sans l’autre. Leurs liens sont si étroits que longtemps on les a considérés comme un seul organisme.

Dans la nature, les êtres vivants se trouvent dans des rapports d’une diversité infinie, depuis l’antagonisme le plus irréductible jusqu’à l’affinité la plus complète. Lorsque deux êtres entrent en contact, si leur union a pour résultante une plus grande intensité vitale pour chacun d’eux, l’union prend le dessus. Si l’antagonisme

  1. Science et Conscience. Paris. 1908. p. 123.