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SAVINIEN.

Comme ça, c’est vous qu’êtes la meunière.

CABOCHON.

Mais da oui ! mais da oui !

SAVINIEN.

Eh ben ! j’avais entendu parler d’vous, et dame en vous voyant… faut pas qu’ça vous fâche ce que j’vas vous dire, au moins !

CABOCHON.

Allez-y donc, jeune homme.

SAVINIEN.

Eh ben ! j’vous trouve encore plus à mon goût qu’je n’m’étais figuré.

CABOCHON, interdit.

Qui vous plaît ?…

SAVINIEN.

Oui, j’m’doutais ben trouver un beau brin d’fille… mais franchement vous pouvez compter pour deux et moi ça m’va !

CABOCHON.

Qui vous plaît !

SAVINIEN.

C’est vrai ça ! pourquoi qu’on épouse une femme ? C’est pour avoir une compagne qui vous aide dans la vie ! Et si au lieu d’vous aider elle est d’une taille à tout faire, ça n’en vaut qu’mieux.

CABOCHON.

Vous êtes ben honnête (À part.) Eh ben ! j’ai joliment réussi !…

SAVINIEN.

Aussi maintenant que j’vous ai vue j’suis ben décidé à acheter l’moulin à tout prix. (Il fait sonner sa sacoche.)

CABOCHON, à part.

Pas de chance ! (Haut.) Certainement, jeune homme, votre accueil est tout à fait… là… et je dirai même davantage… mais j’suis une honnête fille et y a queuques petites choses dont je dois vous avertir.

SAVINIEN.

Avertissez, meunière. (Il veut lui prendre la taille.)