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Scène II

CABOCHON.

(On entend claquer un fouet.)

VOIX DE CABOCHON.

Oh ! rrri !… holà !… holà donc ! cocotte !… Nicolas tu vas dételer la carriole, puis tu monteras me rejoindre. (On entend le bruit d’une chute puis des cris. Cabochon paraît au fond un bout de corde à puits à la main.) N’vous dérangez point ! je n’m’ai point fait d’mal. C’est la rampe de l’escalier qui m’est restée dans la main… (Regardant autour de lui.) Personne ! Oh ! la ! quel qu’un ! oh ! la quelqu’une ! (Il frappe sur la table avec le manche de son fouet.) On ne répond point. Je m’fais l’effet d’être seul. (Allant à la fenêtre.) Nicolas !

VOIX DE NICOLAS.

Qui vous plait ?

CABOCHON.

Viens-tu ?

VOIX DE NICOLAS.

Je dételle.

CABOCHON.

C’est bon… Tiens ! les carreaux de la fenêtre sont cassés… C’t’égal, j’crois qu’jai eu une fameuse idée en amenant Nicolas pour lui faire épouser la meunière et ach’ter le moulin… Jusqu’à c’theure j’ai pas eu trop d’désagrément avec lui… D’abord quoiqu’il ait vingt-quatre ans j’y ai persuadé qu’il était toujours mineur et qu’d’après le code les années ou les pommes n’ont pas donné ne comptent pas pour la majorité, mais tout a une fin… D’autant plus qu’jai ben vu qu’il commençait à s’amouracher de Tapotte… Une fille d’cheux nous qui sait aussi ben qu’moi c’que j’possède et avec qui il aurait fallu rendre des comptes tandis qu’une femme d’ici qui n’connait point mes affaires sera ben plus accommodante… Ah ! ça ! mais il n’vient point lui non plus ! Nicolas !

VOIX DE NICOLAS.

Qui vous plaît ?

CABOCHON.

Quoi que tu fais donc ?

VOIX DE NICOLAS.

J’ons dételé, J’garde la carriole à cause des hardes à notre tante qui sont dans le coffre.