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STEPHANESKA.

Un jour, le caporal, qui n’était encore que de sixième classe, partit pour la guerre.

LE CAPORAL.

Leurs adieux furent déchirants.

STEPHANESKA.

Et puis un jour le caporal eut l’imprudence d’écrire une lettre.

Elle tire une lettre de son sein.

LE CAPORAL.

Ma lettre !

STEPHANESKA.

Elle n’était même pas suffisamment affranchie.

LE CAPORAL.

Les militaires payent demi-place.

STEPHANESKA, lisant.

Cher ange aimé.

LE CAPORAL, lisant du coin de l’œil et tachant de saisir la lettre.

La présente est pour vous faire connaître…

STEPHANESKA.

Qu’à la suite d’un coup d’air dans l’oreille droite compliqué d’un coup de lance dans le nez…

LE CAPORAL.

Qui me le perfora… je suis en train de passer l’arme à gauche. Oh ! ça y est.

STEPHANESKA.

Tout cela n’était qu’un prétexte !

LE CAPORAL, poussé à bout.

Eh bien, c’est vrai, j’ai voulu rompre.

STEPHANESKA.

Une liaison qui nuisait à ton avancement.

LE CAPORAL, décidé.

Peut-être.

STEPHANESKA.

Moi, te croyant défunt, j’ai consenti à épouser le grand khan. Et, pendant ce temps, d’autres amours se succédaient pour toi, tu es devenu caporal de première classe. Les honneurs t’ont corrompu l’âme ; mais prends garde, j’ai ta lettre, ta petite lettre.