Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/17

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trôler la contenance de la boîte, j’apposai ma signature sur le registre, que je lui rendis. Il approuva :

— Bon… bon !… Quant à vos poules, ne vous tourmentez pas… Un jour ou l’autre, vous les aurez… On les a rangées, à l’ombre, sur le quai… Elles regardent passer les trains, comme les promeneurs du dimanche… Ça les distrait un peu, quoi !… Dites donc, patron… mon petit pourboire, s’il vous plaît…

Je lui donnai quelques sous…

— Ça va bien… ça va bien… Ne vous tourmentez pas, allez.

Il partit et, vite, je déclouai le couvercle de la boîte. Je n’étais pas très rassuré. Les outils tremblaient dans ma main.

Bientôt, j’aperçus, gisant sur de la paille hachée, — sorte de boule fauve et molle — un très jeune chien, ou plutôt un tout petit chiot si jeune, si petit, qu’il n’avait pas la force de se tenir sur ses pattes. Je le délivrai de son cachot… Dieu ! qu’il était grotesque à voir !

Figurez-vous un museau de vieux petit fonctionnaire… tenez, d’employé aux contributions… tout plissé de mauvaise humeur ; une tête beaucoup trop grosse, beaucoup trop lourde pour le corps ; un corps vaguement ébauché ; des yeux à peine ouverts, à peine visibles dans la fente des