Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/247

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qui avaient été écrasées par une automobile. Si un lapin s’était par hasard fourvoyé jusqu’au potager, il y en avait pour trois jours à deviser sur ce cas extraordinaire. Quand ils étaient seuls, il faisait avec sa femme d’interminables parties de dames, ou bien il initiait sa fille à construire des portiques de temples assyriens avec des dominos.

Mais à quoi Legrel travaillait-il ?… En réalité, je ne l’ai jamais bien su… Ce que je sais, ce que nous savons tous, c’est que Legrel, par des expériences dynamométriques, a calculé et évalué au poids la force musculaire de l’araignée. Ce que je sais encore, c’est qu’il découvrit, chez l’araignée, un muscle « compensateur », qu’on ne connaissait pas, qu’il avait baptisé : le muscle legreloïdien, fait énorme, prétend-il dans un de ses ouvrages, et qui doit très prochainement révolutionner toutes les données que nous avons sur l’anatomie générale.

Un jour que je m’entretenais avec M. Giard des travaux de Legrel.

— Quel fumiste ! s’écria cet authentique homme de science, en éclatant de rire… Tout cela est idiot…

Je ne tirai aucune conséquence fâcheuse de cette opinion, pourtant si spontanée, car je me rappelais fort à propos, pour la réputation de