Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/300

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daient quelques personnalités importantes de la commune.

— Eh bien ?… Eh bien ?… demanda-t-on.

— Je lui ai rivé son clou… répondit le maire… Ça n’a pas traîné… Et voilà ce que j’ai décidé… Aujourd’hui même, je vais faire prendre par l’adjoint un arrêté obligeant les chiens — sauf les chiens de berger, les chiens de ferme, les chiens de garde — à porter des muselières sous peine d’amende.

— Sous peine de confiscation, fit une voix…

— Oui, oui… sans doute… mais plus tard… Attendons… attendons… N’allons pas si vite !…

Jaulin versa du vin blanc et ils trinquèrent.

Le soir même, je rencontrai le père Cornélius Fiston, sortant par la petite porte de la grille. Il avait sous le bras, enveloppés dans du papier, des salades et un chou que lui avait donnés en cachette le jardinier. Se croyant en faute, le vieux garde champêtre voulut m’éviter, chercha à s’esquiver. Je l’appelai.

— Hé, père Fiston… lui dis-je amicalement… vous savez… le jardin est à vous… J’ai prévenu Thuvin… Tout ce que vous voudrez. Et tenez…

Je lui mis dans la main une pièce de vingt francs.

— C’est Dingo qui vous les offre… père Fiston… C’est Dingo… Rappelez-vous.