Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il ne disait pas non plus :

— Prête-moi vingt francs.

Il glissait son bras sous le bras d’un ami, l’entraînait au café le plus proche et lui disait :

— Asseyons-nous là… je vais te raconter la combinaison…

Et quand il avait exposé la combinaison, quand l’ami avait payé les consommations, Barque ajoutait :

— Je vais télégraphier pour le droit d’option… Passe-moi un louis… je n’ai pas de monnaie…

Pierre Barque m’a proposé autrefois l’achat d’un Stradivarius, qui appartenait à un de ses amis, musicien d’orchestre. Un Américain, que Barque avait connu aux Folies-Bergère, et qui était l’intermédiaire d’un roi du métal, était prêt à acheter ce Stradivarius à n’importe quel prix. Il m’a proposé l’achat d’un jardinet de dix mètres, sur la Butte-Montmartre, naturellement situé à l’intersection de deux rues projetées.

— En plein maquis… vieux zèbre… on l’aurait pour une croûte de pain, et tu parles d’une expropriation !…

Un petit café où Barque avait coutume de jouer à la manille pouvait aussi être l’objet d’une opération magnifique…

— C’est un zinc, un simple zinc… On aurait le fonds pour le prix des canettes et des siphons.