Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/84

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champêtre, rôde autour des débits de boissons, dans l’espoir d’un petit verre. Apercevant M. Théophile Lagniaud, il accourt vers lui.

— Ah ! te voilà, fait celui-ci sur un ton un peu sévère.

— Comme vous voyez, monsieur le maire.

— Tu n’es donc pas aux champs ?

— Comme vous voyez, monsieur le maire…

— Mais, dis moi ?… Toujours pas de contravention ?

— Dame !

— Pourquoi, nom d’un chien ! Pourquoi ?

Le garde champêtre balance la tête… se tourne à droite, à gauche, et :

— Dame ! répète-t-il, sans plus…

— Tu n’oses pas ?

— Oh ! proteste le père Fiston qui, se redressant fièrement, caresse avec un geste militaire, la barbiche blanche que, pour mieux marquer son autorité, il a laissé pousser, depuis qu’il assume le bon ordre du village et la tranquillité des champs…

— Si… si… insiste le maire… Je te connais… Tu n’oses pas… Écoute-moi… J’ai vu le sous-préfet hier… Ah ! tu sais… il n’est pas content le sous-préfet. Il m’a fait des reproches… comme c’est agréable, hein !… Il m’a dit : « En voilà une commune !… Jamais de contraventions, dans