Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/317

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sur les bas côtés… Les canards savent beaucoup de choses… Il n’arrive pour ainsi dire pas, qu’on en écrase…

Ni de dindons, non plus.

Les dindons sont bien gardés…

Ils répugnent, d’ailleurs, à se commettre avec la gent prolétarienne des routes… C’est dans des enclos, sortes d’Académies, qu’ils se gonflent d’orgueil, comme des poètes, des artistes, à leur aise.



Mais ce sont les oies que je voudrais réhabiliter.

Je n’ai jamais tant regretté de n’être pas Plutarque, pour conter, comme il faudrait, la vie de ces bêtes illustres. Je ne m’étonne plus, maintenant, qu’on leur ait confié la garde du Capitole… Elles méritaient cet honneur.

Les plus belles oies nous viennent de Toulouse, comme M. Pedro Gaillard, comme la plupart des gros ténors et des grands hommes politiques de notre République. Elles ont su inspirer aux dessinateurs japonais les plus admirables chefs-d’œuvre ; et les robinets des baignoires, les postes d’eau, les lavabos, les bras des fauteuils Empire, ont popularisé leurs formes décoratives. Elles n’ont qu’une infériorité qu’elles portent, d’ailleurs, avec une très belle ironie, celle de fournir aux hommes ces plumes avec lesquelles ils écrivent tant de mensonges et tant de sottises. En revanche, on leur doit le duvet et les pâtés de Strasbourg.

Les oies ont une sagesse forte, tenace, tranquille. Leur prudence est faite d’imagination, de hardiesse et de ruse. Leur incorruptible vigilance sauva Rome. Peut-