Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/422

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Puis, après un petit silence :

— Vous ne voulez pas non plus, décidément, de mes inscriptions puniques, phéniciennes, syriaques ou persanes ?… Allons, monsieur, cent marks ?… Non plus ?… Dommage… dommage !…



Strasbourg.


Après avoir traversé le Rhin à Kehl, en dépit de nos lettres de recommandation et de nos beaux cachets rouges, nous avons dû passer par de longues et coûteuses formalités douanières. Absolument libre, en Allemagne, la circulation automobile subit en Alsace des règlements vexatoires, qui ont pour résultat de gêner beaucoup le commerce alsacien. Les hôteliers, les marchands, et surtout les propriétaires de ces luxueux garages installés dans les villes, supplient le gouvernement de rapporter des mesures qui les ruinent, en éloignant, de plus en plus, les automobilistes de ces régions admirables, hier encore très fréquentées pour la joie et au bénéfice de tout le monde. Mais le gouvernement reste sourd à ces doléances. Il a encore de la défiance, une sorte de rancune sourde contre ce pays.

Je n’avais pas revu Strasbourg depuis 1876. Faut-il dire que je ne l’ai pas reconnue ? À l’exception du quartier de la cathédrale, et de ce vieux quartier si pittoresque, qu’on appelle la petite France, rien d’autrefois n’est resté. Et encore, ces derniers vestiges, où nous nous retrouvons, vont bientôt disparaître. La pioche y est déjà. Aujourd’hui Strasbourg est une ville magnifique, spacieuse, et toute neuve, la ville des belles