Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/142

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Elle répondit avec un élan qu’illuminaient tous les sourires de sa face :

— Oh ! oui… monsieur le marquis !

Sûr de sa fille et de lui-même, Flamant ne triomphait pas… Il restait grave, les yeux tournés vers la maison… Le marquis se tut… Puis, il caressa les cheveux de Victoire, lui tapota les joues…

— Allons, c’est bien… fit-il… Je voulais seulement te voir, te dire bonjour… va travailler, ma fille…

Comme elle rentrait chez elle, il lui cria gaiement :

— Et soigne tes cheveux, hein ?… Je connais des femmes qui les échangeraient volontiers contre un collier de perles…

Alors, Flamant se rapprocha du marquis qui eut un geste, par quoi il s’avouait vaincu, et qui déclara, en s’excusant presque :

— Je t’ai dit ce que j’avais à te dire, mon gars… Maintenant, fais comme tu veux…

Flamant remercia sans emphase, d’une voix plus sourde et que la reconnaissance faisait trembler un peu :

— Je savais bien… monsieur le marquis est un homme, lui !… Monsieur le marquis connaît la vie !

Et il demanda la permission de reprendre son travail, car la journée s’avançait…

Le marquis visita minutieusement la maison