Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/143

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et les annexes, accompagné de M. Joseph Lerible à qui il donna des ordres pour l’équipement de Flamant. Il indiqua des réparations et certains embellissements pratiques qu’il jugeait nécessaires. Il n’oubliait rien, montrant ainsi plus que de la sympathie, une véritable tendresse pour son nouveau garde. Il le voulait pourvu de tout et heureux. Comprenant que la moindre objection serait inutile et… dangereuse, M. Joseph Lerible qui, de son pied feutré sautillait plus fort qu’à l’ordinaire, ne discuta rien, accepta tout, approuva tout avec un flegme douceâtre imperturbable… Plusieurs fois, en passant devant Victoire, il crut devoir affecter une bienveillance excessive et un respect outré dont je vis que le marquis s’amusa fort… Il ne sourcilla même pas quand le maître déclara qu’il projetait d’agrandir la maison et d’y adjoindre une grande salle, rustiquement, mais joliment aménagée, et qui servirait de rendez-vous de chasse…

En partant, le marquis dit encore à Flamant :

— Quand tu viendras à Sonneville… après demain, peut-être ? demande-moi… Je te ferai cadeau d’un fusil… un fusil excellent, et qui porte loin… au revoir, mon gars…

En route, nous discutâmes sur l’inceste… Il y était indulgent… Il m’expliqua :

— Le cas de Flamant est fréquent dans nos campagnes… surtout, chez les pauvres gens. Il