Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/115

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violente, haineuse, fanatique, contre Chaumette et Clootz.

C’est un coup comme celui qui livra la Gironde aux Jacobins, une récidive dans la faute ; cette fois, Camille est inexcusable : il est relaps.

Le club vigoureux des Cordeliers avait donné deux branches, sœurs jumelles en révolution ; un rameau politique : Danton, Desmoulins, Fabre d’Eglantine ; un rameau philosophique : Chaumette et Clootz. Ils avaient grandi sur le même tronc ; ils devaient s’entrelacer et se confondre pour résister à un ennemi commun, l’éternel ennemi de la philosophie et de la raison.

Le jour où Camille porta la main sur Chaumette et sur Clootz, il fit plus qu’une étourderie d’écolier soufflé par son « cher camarade » Robespierre, plus qu’une faute d’Etat ; il commit une faute de cœur, un fratricide. L’histoire a-t-elle le droit d’être plus sévère encore ? Camille aurait-il eu peur ? Attaqué depuis longtemps déjà, d’abord avec ménagement, puis avec violence, aurait-il voulu donner des gages à ceux qui l’avaient lancé et relancé quelques jours auparavant ? Aurait-il calculé de jeter une curée à la meute de ses ennemis pour se dérober à leur poursuite, et leur faire perdre ainsi la trace et la piste de ses pas ? Aurait-il cherché son salut dans une lâcheté cruelle ? Je n’ose pas le présumer, car